Cet article traite des stratégies alternatives développées par la population face à la précarité hydrique dans la ville de Torodi. La méthodologie utilisée combine des données qualitatives et quantitatives collectées auprès des 10 personnes ressources et 135 ménages de la ville. La ville de Torodi appartient au Liptako Nigérien, une région à fortes contraintes hydrogéologiques à cause de l’existence quasi-générale d’un socle cristallin qui rend aléatoire l’exploitation des ressources en eau souterraines et contribue à la définition d’une situation de précarité hydrique alors que le système d’approvisionnement de la ville est construit sur le pompage des eaux du sous-sol. Après traitement et analyse des données de terrain, il ressort qu’au-delà des contraintes hydrogéologiques et climatiques les plus indexées, l’insuffisance des forages, de la couverture territoriale du réseau et l’inconstance dans la distribution spatiotemporelle de l’eau, concourent à la définition de la précarité hydrique dans la ville. Les activités socio-économiques d’une ville frontalière se trouvent ainsi perturbées et réduites pendant la saison sèche chaude. La population s’adapte en recourant à une diversification et à une combinaison de stratégies. La veille hydrique, le recours aux points d’eau modernes et traditionnels, aux revendeurs d’eau et aux mini-réseaux d’eau communautaires sont les principales réponses alternatives mises en œuvre par les habitants de la ville. Ces réponses permettent de corriger le déficit hydrique spatiotemporel lié à l’inégale disponibilité de la ressource et des infrastructures hydrauliques et de contribuer à l’accès à l’eau dans la ville qui enregistre une arrivée massive des populations déplacés internes fuyant l’insécurité.